Insomniak : debout les morts est un projet développé pour optimiser la collecte et la distribution d’informations pour l’agenda culturel gratuit Insomniak. Il s’inscrit dans une recherche sur la création d’outils permettant le travail collaboratif au sein d’une communauté d’amateurs.
Consulter la maquette dynamique & l’agenda papier
Insomniak : debout les morts a pour objectif de produire des espaces relationnels au sein d’une communauté d’amateurs de cultures alternatives locales.
Une série d’entretiens menés avec l’initiatrice du projet m’ont permis de pointer certaines difficultés à produire régulièrement cet agenda. La collecte des informations constitue notamment un des points les plus épineux, car elle réclame un investissement fort en terme d’organisation et gestion du temps.
J’ai continué l’enquête pour comprendre où et comment je pourrais faciliter son travail. Mon objectif étant d’assurer la pérennité de sa démarche. Pour cela, j’avais besoin de saisir le contexte de manière plus global.
J’ai donc mené une série d’entretiens avec plusieurs groupes de personnes : des acteurs de la culture locale, des aficionados des lieux underground Palois et des amateurs de culture sans distinction. Le but était de comprendre leurs pratiques et leur ressenti sur le paysage culturel ambiant.
J’ai ensuite complété ces informations en menant une recherche sur les dispositifs de communication et de diffusion culturelle locaux, et sur l’histoire de la culture underground Paloise (sa communauté, ses productions, etc.).
Plusieurs observations ont découlé de ce travail :
1 • Les informations concernant les activités culturelles Paloises restent difficiles à obtenir. Les lieux alternatifs sont parfois inconnus de la communauté elle-même. Il en ressort une sensation de désert culturel qui n’est pas en accord avec la réalité du terrain.
J’entends pas mal de gens dire qu’il n’y a rien à faire à Pau, mais c’est faux !
3 • Les personnes nouvellement arrivées sur le territoire expérimentent beaucoup de difficultés à identifier les lieux de la culture. Elles peuvent ainsi passer plusieurs années à ignorer l’existence de certaines structures, notamment les alternatives.
Il peut en résulter un sentiments d’isolement et des difficultés à s’intégrer.
Dans une ville de cette taille, en général, quand tu sors des marges tu peux vite de sentir seul.
Comment renforcer cette initiative et s’intégrer dans l’écosystème déjà en place ?
Je propose un dispositif sous la forme d’une plateforme web, qui offre des solutions de collecte collaborative et de présentation des informations, de façon à gagner du temps et à pérenniser la démarche de l’initiatrice. Il permet aussi une visibilité choisie et maîtrisée par la communauté elle-même.
Je me suis concentrée sur deux axes principaux :
1 • Permettre l’accès aux informations
Le dispositif possède deux types d’interfaces distinctes.
La première est une interface "publique" sur laquelle les visiteurs viennent :
• Consulter l’agenda en ligne
• Visualiser les lieux de la culture Paloise grâce à une carte interactive.
• S’informer de la démarche de ce projet (dans un « à propos »).
• S’inscrire pour participer à l’administration de celui-ci.
Il convient de noter que l’agenda en ligne ne vient pas en remplacement de l’existant mais plutôt en renfort. La présence de l’agenda papier dans l’espace public reste importante comme relai physique et visible.
2 • Consolider l’initiative
La deuxième typologie d’interface concerne l’administration de l’agenda, plus particulièrement la saisie des événements. À la manière d’un wiki, les personnes désirant participer à la vie de l’agenda s’inscrivent sur la plateforme et peuvent saisir des évènements. La communauté devient sa propre administratrice de contenus.
L’interface d’administration doit être en capacité :
• D’aspirer les flux RSS de sites de différentes institutions culturelles et faire de la pré-saisie d’évènements.
• De permettre la saisie d’événements qui apparaîtront sur l’agenda en ligne.
• De générer automatiquement un PDF designer imprimable de l’agenda à partir des données saisies.
Ce projet a fait partie d’une recherche plus large menée lors de mon master (DNSEP) sur le déplacement des acteurs dans le projet de design à l’ère numérique (pour en savoir plus). Dans ce contexte, la temporalité et les moyens mis à ma disposition ne m’ont malheureusement pas permis de porter ce projet jusqu’à sa réalisation complète ni de pousser la réflexion sur le design de l’interface d’administration. Il est actuellement à l’état de maquette dynamique (consulter la maquette ici).
Quant à ma volonté de pérenniser cette action, elle résonne avec celle de vouloir donner une place physique dans la cité à une communauté minoritaire et de diversifier les formes et modèles de socialité. Dans un contexte de consumérisme culturel, ce projet peut être vu comme une tentative de réponse à la standardisation de la figure du consommateur en cherchant de nouvelles possibilités d’action et d’engagement à travers celle de l’amateur*.
*Cette figure de l’amateur fait référence à celle des lumières. Pour approfondir ce sujet voir la plateforme Ars industrialis animé, en autre, par Bernard Stiegler.